Revue Transversalités 2023/2 (n° 165) : Paul Bourget (coordonné par Dominique Ancelet-Netter)

« Paul Bourget (1852-1935) est un grand absent du canon de l’histoire littéraire française. Écrivain catholique, antidreyfusard, il fait partie des écrivains classés à droite, voire à l’extrême-droite, en raison de ses liens avec l’Action française. Monarchiste et rigoriste jusque dans sa foi recouvrée, Bourget a même contesté la tentative de réforme du modernisme entreprise par une frange des catholiques ébranlés par la loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État. Auteur du Disciple[1][1]Paul Bourget, Le Disciple, édition établie, préfacée et annotée…, roman polémique et engagé dénonçant la responsabilité des intellectuels sur les jeunes gens de lettres, il s’est exprimé dans ses œuvres sur les sujets sociétaux comme le divorce ou la méritocratie républicaine. Catégorisé antimoderne, cet auteur de « romans à thèse, sinon à idées », comme il aime à se définir lui-même, est l’un des inspirateurs de Nietzsche qui lui emprunte sa conceptualisation de la décadence. Oublié en France, n’est-il pas cependant l’un des maîtres de la littérature française à la charnière du xixe et du xxe siècle ? Et un auteur plus complexe et plus intéressant qu’il n’y paraît, se révélant multiple à l’image de son Moi dans ses écrits intimes ? Poète au début de sa vie littéraire, Bourget s’illustre par ses chroniques littéraires dans La Nouvelle Revue entre 1881 et 1883, recueillies en 1883 dans les Essais de psychologie contemporaine chez l’éditeur-phare du moment, Alphonse Lemerre [2][2]Id., Essais de psychologie contemporaine, édition établie,…. Ces « Études littéraires », comme l’indique le sous-titre, sont considérées comme les prémisses du Disciple. Bourget est un grand connaisseur et un passeur de la littérature française du premier xixe siècle, comme en témoigne son imposante bibliothèque personnelle de 4 900 volumes conservés à la bibliothèque de Fels. L’auteur à succès de romans psychologiques s’avère être un poéticien du roman. Tenant son journal intime de 1870 à sa mort, il a cependant fustigé les écritures diaristes de ses contemporains et les journaux d’écrivains de tous les siècles. […] Paradoxalement, Bourget va être un diariste régulier dans le secret de son cabinet de travail. Ses écrits intimes nous sont parvenus dans les années 1960 et 1970 par ses héritiers par alliance, qui en ont fait don à l’Institut catholique de Paris. Ils sont conservés à la bibliothèque de Fels de l’Institut catholique de Paris avec quarante cahiers, carnets de notes et agendas de Bourget, rédigés entre 1870 et 1935 (Ms français 664/1 à 664/40). À la lecture de ces journaux, on ne peut être que frappé par le nombre de citations que l’auteur du Disciple recopie d’une écriture fine et régulière, alors qu’il devint lui-même rapidement un maître reconnu. »

Tels sont les mots par lesquels Dominique Ancelet-Netter ouvre son article d’introduction (« Paul Bourget, ressurgir par l’intime : un paradoxe« ) au numéro spécial de la revue Transversalités, qu’elle a a coordonné et qui est intégralement consacré à la figure de Paul Bourget. Ces contributions permettent ainsi de redécouvrir au prisme de ses journaux, mais pas seulement, un écrivain et critique qui fut un diariste prolifique, mais aussi une des plus éminentes figures littéraires de son époque. On trouvera des articles de Vincent Holzer, Adrian Vallenzuella Castelletto, Marie-Hélène Chevrier, Cécile Coulangeon, Guillaume Boyer, Zoë Selle.

La revue est consultable sur le site Cairn en suivant ce lien.