Site lettresfamiliales.ehess.fr (par Danièle Poublan) : publier une correspondance du XIXe siècle en ligne.

Danièle Poublan travaille de longue date sur l’édition d’un ensemble de lettres du XIXe siècle ; elle a accepté de présenter ses travaux pour Autobiosphère. Un grand merci à elle !



Site lettresfamiliales.ehess.fr

La vie d’une famille bourgeoise ne se conçoit pas au XIXe siècle sans échange de lettres. Ces dernières, conservées par les familles Duméril, Mertzdorff et Froissart, témoignent de ce besoin d’écrire et du soin apporté à la conservation des papiers de famille. Un groupe de chercheuses et de chercheurs a repris le contenu d’un site internet qui était devenu obsolète afin d’éditer ces archives.
La plate-forme choisie pour cela est un wiki-sémantique qui permet de naviguer de lien en lien dans cette correspondance.

Le corpus 

Les archives privées comptent plus de 3 000 lettres. Cette correspondance témoigne de l’ascension sociale d’une famille qui accumule, au fil des générations, un capital intellectuel, social et économique. Il s’agit d’une correspondance « ordinaire », certes, car écrite sans aucune arrière-pensée de publication et qui s’échange entre proches ; elle circule au sein d’une famille bourgeoise, aisée, instruite (elle compte même quelques savants du Muséum) et dont on peut suivre la réussite matérielle et sociale tout au long du siècle.

Une famille bourgeoise du XIXe siècle

Dans une généalogie touffue, quelques personnes apparaissent comme des pôles de l’écriture épistolaire : la première figure est celle du savant André Marie Constant Duméril (1774-1860) ; la deuxième, celle de l’industriel Charles Mertzdorff (1818-1883) à partir de son mariage avec Caroline Duméril en 1858. Ensuite le corpus se resserre autour d’une des filles de Charles Mertzdorff, Émilie, épouse de Damas Froissart, officier et grand propriétaire terrien dans le nord de la France. La guerre de 1914-1918 inaugure une double série de lettres qui mêlent vie familiale et devenir de l’usine alsacienne.

Le travail des historiennes

L’écriture des femmes et des hommes est de longue date un objet d’étude pour les deux responsables de l’édition scientifique de cette correspondance : Cécile Dauphin et Danièle Poublan. Les lettres se prêtent à des approches multiples, car elles sont à la fois des objets (que l’on peut conserver, compter, vendre), le résultat de pratiques sociales codifiées et enfin des textes. Pour l’historien ces trois dimensions sont solidaires. Le texte des lettres est enrichi par des notes qui identifient les personnes citées et des compléments biographiques qui mettent en valeur les réseaux affectifs, sociaux, intellectuels et économiques. Le fac-similé des lettres ouvre à d’autres lectures.

Le travail de l’équipe technique

Le Collectif Sources et données de la recherche du CRH a entrepris de restructurer et de republier ce corpus selon les pratiques actuelles d’ouverture des données de la recherche. Ce travail a été mené sous la direction technique de Bertrand Dumenieu, ingénieur de recherche à l’EHESS. Le fonds est aujourd’hui publié sous licence ouverte à l’adresse lettresfamiliales.ehess.fr. Appuyé sur le logiciel libre Mediawiki, ce site Web permet des lectures, des appropriations et des recherches multiples. Les nombreuses métadonnées (biographies, monographies) sont exposées dans les formats standards du Web de données.

Un blog associé à la publication du site

Un carnet de vulgarisation « Publier une correspondance. Méthode et contenu » est tenu par Danièle Poublan et publié sur la plate-forme hypotheses.org. Il se propose de faire connaître les lettres déjà publiées sur le site en suggérant des lectures transversales autour d’une personne, d’un thème ou d’un événement. Les thèmes abordés sont souvent en résonance avec l’actualité.

Le site lettresfamiliales.ehess.fr est un chantier en cours. Même lorsque « toutes » les lettres seront sur le site, on pourra y insérer des fragments épars non datés actuellement et de nouvelles lettres retrouvées (car le corpus actuel est lacunaire). De plus, il sera bon de revoir les lettres (surtout celles des premières décennies) pour identifier plus précisément les personnes et proposer plus de biographies.